C'est comme une musique assourdissante., on finit par ne plus entendre le chahut de la gigantesque forge naine.
La jeune femme s'assoit dans le lit. Il ne fait pas encore tout à fait jour dehors. En fait, il ne fait jamais tout à fait jour dans Ironforge.
Mais c'était la ville la plus accueillante pour un début de vie plus posée.
Un clan, une maison, une famille ?
Elle repousse le drap et étire son corps moite et brun. Sur la peau mate de ses épaules retombent ses cheveux longs, pas très bien coupés. Ils ont la couleur rose-orangée du coucher de soleil sur les blés.
Elle attrape une chemise trop large pour elle et qui ne sent pas son odeur. Enfouissant son nez dedans, aspirant, et goutant à délice les éfluves restantes de son amant, ne depasse du tissu blanc que son regard violet qui rêvasse. Elle s'en revêt et avance jusqu'à la porte.
Jambes nues, appuyée contre le chambranle d'une ouverture qui mène sur un large balcon, elle laisse son regard vagabonder sur la place de la Garde Mysthique.
Son sourire éclaire son visage bronzé, constellé de taches de rousseur.
La violine de son regard guette le retour du reste de son âme, de beaucoup de sa vie, son joli-coeur, son mari...
Elle jette un coup d'oeil dans la maison typiquement naine et louée avec son décor bourru.
A portée de mains pourtant, toujours, deux dagues de bonne facture.
Des vêtements de cuir pas très bien entretenus attendent sur un coin du parquet.
Et puis plus loin, une ou deux malles de souvenirs glanés au cours de l'année passée.
Une année... presque un siècle. Mais pas de ces heures qui vous pèsent sur le coeur. Des minutes et des secondes exquises, qui étaient venues innonder sa vie d'aventures douces et terribles.
Elle a eu 24 ans il y a quelques jours.